La Camargue, terre emblématique du sud de la France, continue de faire face à des défis majeurs en 2025. Les éleveurs de taureaux, piliers de l’identité et de l’économie locale, luttent toujours pour leur survie, cinq ans après le début de la pandémie de COVID-19 qui a bouleversé leur secteur.
Un secteur en convalescence
«La reprise a été lente et difficile», témoigne Jean-Marc, manadier depuis trois générations. «Nous commençons seulement à retrouver un semblant de normalité, mais les séquelles sont profondes.»
La crise sanitaire de 2020 avait entraîné l’arrêt brutal de toutes les manifestations taurines, source principale de revenus pour ces éleveurs. Les chiffres étaient alors alarmants : une perte de 95% des ressources pour les structures reposant sur l’agritourisme
Des aides qui ont fait la différence
Face à cette situation critique, les autorités régionales avaient réagi. La Région Occitanie avait mis en place une aide mensuelle de 2 500 € par manade, tandis que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur avait instauré un dispositif similaire. Ces mesures ont permis à de nombreux éleveurs de survivre à la crise immédiate.
«Sans ces aides, beaucoup d’entre nous auraient dû mettre la clé sous la porte », explique Marie, propriétaire d’une manade familiale. «Elles nous ont donné le temps de nous adapter et de repenser notre modèle économique.»
De nouveaux défis en 2025
Aujourd’hui, en 2025, les manadiers font face à de nouveaux défis. Le changement climatique affecte la Camargue, avec une salinisation croissante des terres qui impacte l’alimentation des taureaux. Les éleveurs doivent également composer avec des normes environnementales plus strictes et une sensibilité accrue au bien-être animal.
Florent Lupi, président de la fédération des manadiers, souligne : «Nous avons survécu à la crise du COVID-19, mais d’autres menaces pèsent sur notre activité. Les coûts d’assurance restent prohibitifs et le changement climatique nous oblige à repenser nos pratiques.»
Un patrimoine culturel et écologique à préserver
Les manades, qui gèrent près de 18 000 animaux sur 25 000 hectares, jouent un rôle crucial dans l’équilibre écologique de la région. Leur activité génère des retombées économiques estimées à 26 millions d’euros par an.
«Nous sommes les gardiens d’un écosystème unique», insiste Jean-Marc. «Notre disparition aurait des conséquences désastreuses sur la biodiversité de la Camargue.»
Vers un avenir incertain
Alors que la Camargue s’adapte à cette nouvelle réalité, l’avenir des éleveurs de taureaux reste incertain. Entre tradition et modernité, ils doivent trouver un équilibre pour assurer la pérennité de leur activité.
La question demeure : comment préserver ce patrimoine culturel et écologique face aux défis du XXIe siècle ? La réponse impliquera sans doute une collaboration étroite entre éleveurs, autorités et écologistes pour imaginer un modèle durable pour les années à venir.